AREDIUS (Saint-Yrieix)

Aredius, devenu peu à peu Yrieix par déformation orale, naquit à Limoges vers 516 dans une famille aristocratique gallo-romaine. Il était l'aîné des trois enfants de Jocundus et Pélagie, ses parents très chrétiens. Éduqué dans son jeune âge par le premier abbé de Vigeois, il fut ensuite envoyé à la cour du roi franc d'Austrasie, Théodebert 1er, où il fut ordonné prêtre par Nizier, évêque de Tréves. C'est dans cette ville que, lors d'un office, une colombe vint se poser sur l'épaule du jeune homme et elle recommença chaque jour durant un mois. Ce prodige signifiait, aux yeux des hommes, que le jeune prêtre était habité par l'Esprit Saint. C'est ainsi que nous le voyons représenté avec la colombe sur les vitraux et dans les tableaux.

Vers 530, à la mort de son père, Yrieix retourna auprès de sa mère et ils s'installèrent dans leur domaine d'Attanum (sur l'actuelle place Attane). C'est alors, selon sa biographie, qu'il se serait retiré en ermite dans une grotte voisine, au lieu-dit La Rochette, bien connu des Arédiens, Sur les instances répétées de Pélagie, il finit par revenir auprès d'elle pour faire de sa villa une petite communauté religieuse. Son testament, daté de 572, nous en précise les contours: l'établissement est, en particulier, placé sous l'autorité du monastère de Saint-Martin de Tours le plus prestigieux saint de la Gaulle d'alors. L'évêque de Tours, Grégoire, auteur d'une monumentale « Histoire des Francs» évoque à plusieurs reprises le personnage d'Aredius qu'il présente comme un collecteur passionné des reliques.

Le monastère d'Attane comprenait deux églises, dédiées à Saint Julien et à Saint Hilaire. Aprés la mort d'Aredius, l'endroit devint un lieu de pèlerinage, attirant marchands et artisans qui seront à l'origine d'un gros bourg qui prendra le nom de Saint-Yrieix d'Attane. La dénomination actuelle de «  La Perche » n'apparaîtra qu'à !a fin du. Moyen Âge, peut - être par référence à un parchemin signé de Charlemagne d'où les chanoines arédiens tenaient leur légitimité.

Pour en revenir à Saint Yrieix, on peut dire que ce fut, en son temps, un «  humanitaire » avant la lettre. Appliquant le message évangélique du Christ, il venait au secours des indigents et on lui attribua, de son vivant, de nombreuses guérisons. Cependant il quittait très souvent son monastère et effectuait de nombreux pèlerinages à Tours, sur le tombeau de Saint Martin, mais aussi au Puy-en-Velay, à Poitiers où il fut ami du poète Fortunat, et en Bourgogne où il se fit le médiateur lors de conflits politiques, car il s’investissait toujours en faveur de la paix.

Aredius mourut le 24 août 591, malade de dysenterie nous dit-on. Son corps fut inhumé dans la basilique Saint-Hilaire qu’il avait fait construire et qui se trouvait vraisemblablement à l’emplacement de la collégiale actuelle. Témoin de sa célébrité, l’évêque de Limoges, Saint Ferréol, vint en personne assister à ses obsèques. Comme le pape de cette époque n’était encore que l’évêque de Rome, c’est la vox populi (la renommée) qui fit d’Yrieix un saint pour l’éternité.

Après sa mort, nous dit encore son biographe du VIIe siècle, de nombreux miracles continuèrent de se produire sur sa tombe. Aredius était toujours invoqué pour la guérison des aveugles et des paralytiques, ainsi que pour la détection des sources. La fête patronale de Saint Yrieix est célébrée le 26 août.

 

Un disciple d’Aredius : Saint Walfroy

C’est au 6ème siècle qu’intervient l’histoire de Saint Walfroy. L’Austrasie qui fait partie du royaume mérovingien, appartient alors au diocèse de Trèves dont Nicet est l’évêque de 526 à 566. Ce dernier, face au paganisme persistant de cette région forestière d’Ardennes, fait appel à son ami Aredius (Yrieix), originaire du Limousin comme lui, disciple de Saint Martin et fondateur du monastère d’Attane , lui demandant l’envoi de missionnaires.

Walfroy, d’origine lombarde, s’était attaché à Aredius. Il l’avait suivi dans son pèlerinage à Saint-Martin-de-Tours puis dans son monastère d’Attane. Plus tard sur les conseils d’Aredius, il part s’installer dans la partie ardennaise du territoire de Trèves. Cette ville était chère à son maître, car Yrieix y avait reçu un appel déterminant à la vie religieuse alors qu’une belle carrière s’offrait à lui à la cour d’Austrasie, à Metz. Aredius, en effet, par son lignage pouvait prétendre à de hautes fonctions auprès du roi d’Austrasie, Théodebert, petit-fils de Clovis, dont le Limousin dépendait à ce moment-là.

Grégoire de Tours nous dit que, sur ce vieux territoire romain de Trèves, Walfroy avait aménagé une colonne au sommet de laquelle il allait prier. Par cette démarche singulière, il rejoignait certains ermites d’Orient qui organisaient des oratoires sur des colonnades ou des portiques romains ruinés. Pour cette raison on les appelait des « Stylites », du grec « Stylos » (colonne). Ils faisaient monter les prières et les chants de louange du christianisme naissant sur les ruines les plus emblématiques de la Rome païenne qui avait conduit le Christ à la mort.

Walfroy est le seul « stylite » connu de l’Occident chrétien. Il existe un mont Saint Walfroy dans les Ardennes.

Saint Walfroy marquera son séjour à Saint-Yrieix, une source « (« une bonne fontaine ») porte son nom à la Rochette près de la grotte où s’était retiré Saint Yrieix à son retour de Trèves : la fontaine Poulifar ou Poulifer (Vulfilaïc, Walfroy, en parler occitan) où l’on venait jusqu’à une période récente, chercher la guérison des maux de ventre.